Témoignage : "A la rencontre de l’ingénieur citoyen"
lundi 23 novembre 2009
Avec ce document de 2005 intitulé "A la rencontre de l’ingénieur citoyen", un membre du groupe ISF Grenoble revient sur les expériences de son groupe dans leur initiative pour adapter les formations d’ingénieur à une logique plus "responsable". Ce document comporte notamment des extraits des discussions tenues lors des Journées Nationales d’ISF en 2000 : “L’ingénieur citoyen, acteur responsable en entreprise ?". Pour situer la contribution de ce document, nous reproduisons ici le schéma de la page 6 :
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Témoignage : "A la rencontre de l’ingénieur citoyen"25 novembre 2009, par dominique B
C’est avec plaisir que j’ai lu ce document ( un peu long).
La première réflexion fut de me dire que le rédacteur n’avait peut être pas sa place dans une école d’ingénieur. Son discours est beaucoup plus évolué que les présentations powerpoint (concises, synthétiques et simplistes), aucun graphique ou tableau qui donnent l’impression du sérieux et montrent le professionnalisme ?
La question que je me pose alors est , mais qu’est’il devenu ?
s’est il engagé dans le combat politico associatif salarié d’une "administration" tolérante ou encourageante
est’il devenu la cadre cynique et précieux d’une entreprise privée qui apprécie son parcours et lui permet désormais d’être un collaborateur efficace et rémunéré en conséquence.
s’est ’il engagé dans une vie familiale recentrée sur sa sphère privée et évitant les débats qui le passionnèrent jeune.Ayant pour ma part effectué le parcours d’une carrière complète d’ingénieur parsemée de doutes, joies et hésitations, je voudrais simplement ajouter quelques commentaires non sur la phase concernant la vie d’élève ingénieur mais sur ce qui attend le jeune ingénieur dans sa vie professionnelle.
souvent le choix quand il existe consiste à choisir entre deux types de postes.
L’un assez mal payé chez un employeur qui aura une dimension sociale, le moindre salaire étant compensé par l’impression de vivre conformément à ses convictions.
L’autre mieux payé dans une entreprise privée dont les valeurs sont essentiellement la compétitivité et la rentabilité économique et financière auquel cas il acceptera de mettre entre parenthèse ses convictions avant de les abandonner définitivement , car il est difficile voir impossible d’être le jour Mr Hyde et le soir + weekend Dr Jekkil.Il me semble que l’ingénieur qui par son travail va concevoir et réaliser l’ensemble des produits de notre environnement doit exercer sa conscience et dans un premier temps se poser la question suivante "quelle est la tache fondamentale de l’entreprise dans laquelle je suis salarié ?" et je propose plusieurs questionnements.
Les produits que je contribue à réaliser s’adressent ’ils à des clients ou à des usagers ?
Le travail que je réalise contribue t’il uniquement à augmenter les profits des actionnaires/propriétaires et quels sont ses conséquences sur l’homme et la société ?Tout au long de sa carrière l’ingénieur bénéficiera ensuite de stages de formation continue que l’on peut scinder en deux catégories
les formations techniques
les formations dites de management ou (doux euphémisme ) de développement personnel.
Je m’intéresserais a la deuxième catégorie qui non seulement va renforcer ou modifier notre savoir faire mais s’attaque également au "savoir être" indispensable aux fameux "high potential" et nous assistons alors au florilège de la manipulation sous couvert d’humanisme mâtiné d’efficacité managériale.Le seul fait d’être questionnant sera considéré comme un indicateur de cadre peu motivé , peu engagé au développement de l’entreprise. Le seul fait d’oser remettre en cause une décision sera mal perçu, au mieux le cadre passera pour un original et un rêveur , au pire comme un dangereux activiste.
La solution est peut être d’être conscient de cela et apprendre à vivre en combinant loyauté envers son employeur tout en conservant sa capacité d’être un citoyen responsable.Les frontières que chacun jugent infranchissables sont affaire de conscience.
Il n’y a pas de solution miracle, on peut revendiquer une action citoyenne en travaillant dans une entreprise d’armement ou nucléaire et être un "anticitoyen" en travaillant dans l’ agroalimentaire. Peut être faut’il simplement poser la question " à qui profite le crime ?"
Sans avoir la prétention de conclure je pense qu’il est nécessaire de connaitre l’histoire de l’évolution du métier d’ingénieur qui commença par répondre à des besoins sans équivoque , machines destinées à soulager le travail musculaire de l’homme, désir de découvrir le monde pour aujourd’hui concevoir des produits "innovants " dont le seul objectif est de permettre à la machine économique de fonctionner.
Demain reste cependant à inventer et le travail des ingénieurs sera à nouveau sollicité non comme simple agent économique mais comme citoyen responsable sollicité pour relever les défis à venir
fr Penser l’Ingénieur Citoyen Les réflexions d’ISF ?